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11 January 2022

Europe de l’Est : la désillusion, 30 ans après la chute du communisme

Le professeur honoraire Andre Liebich fait le bilan des déceptions des "nouveaux" membres de l'Union européenne, des crises et des divergences de valeurs.

À la tombée du mur de Berlin en novembre 1989, les habitants des États satellites européens de l’URSS – la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie (pour ne pas parler de l’Allemagne de l’Est) étaient, dans leur grande majorité, aux anges.

Aujourd’hui, plus de 30 ans plus tard, ils sont déçus. Rares sont ceux qui souhaiteraient revenir au communisme, mais l’avenir ne s’est pas montré aussi « radieux » que prévu.

La première déception des pays de l’Est, qui ont fini par rejoindre l’Union européenne en 2004-2007, soit une bonne quinzaine d’années après l’effondrement du communisme, a été provoquée par le constat que les « anciens » membres de l’UE ne montrèrent guère d’empressement à les accueillir.

Les pays de l’Est, qui avaient fidèlement suivi les nombreux changements juridiques réclamés par Bruxelles, se sentaient pourtant profondément européens. Certainement pas moins que la Grèce, avec laquelle ils partageaient certaines affinités, et qui avait rejoint l’Union en 1981, sept ans à peine après la chute de sa dictature militaire.

Ils ont mal compris les luttes internes à l’Union, au sein de laquelle certains anciens membres craignaient le déplacement du centre de gravité de l’UE vers Berlin et le renforcement du rôle de l’Allemagne (ce qui a effectivement été le cas, une fois les Est-Européens admis).

Le temps du désenchantement

Pour les pays d’Europe centrale et orientale, les années 1990, durant lesquelles ils ont mis en œuvre les nombreuses mesures d’ajustement imposées par l’UE, ont été marquées par des chutes de production, la fermeture des usines et un chômage massif.

Pour autant, le cap européen n’a pas été sérieusement remis en cause à cette époque. Les populations et les nouvelles élites estimaient que les malheurs économiques étaient le prix à payer pour rejoindre l’Europe prospère.

Quelle n’a pas été la surprise des pays de l’Est quand, quelques années à peine après qu’ils ont enfin été admis au sein de cette UE tant désirée, ils se sont retrouvés frappés par la crise financière de 2008, importée des États-Unis chez eux via l’Europe occidentale.

Dès 2007, le produit national brut des pays de l’Est (à l’exception de la Pologne) chutait drastiquement, notamment du fait de la diminution des investissements occidentaux et des exportations vers l’Ouest.

La foi de ces pays dans le néo-libéralisme à l’occidentale et dans la primauté du marché sur toute autre chose était sérieusement ébranlée.

La crise suivante des relations Est-Ouest, survenue en 2015, était d’une tout autre nature puisqu’elle a été centrée autour de la question de l’accueil des réfugiés.

Bruxelles exigeait une répartition des migrants parmi les membres de l’Union tandis que les pays de l’Est, y compris le groupe balte, y étaient unanimement opposés. C’est à ce moment que les divergences entre les « anciens » et les « nouveaux » membres de l’UE sont apparues au grand jour.

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