Cela nécessite d’une part une adaptation des outils techniques, au-delà de la téléconférence, en privilégiant une plus grande ergonomie d’utilisation, de flexibilité et de « sociabilité ».
Ces outils existent déjà et seront amenés à se développer. Mais, d’autre part, et surtout, cela nécessite une réflexion pédagogique plus profonde, notamment sur la question du rythme et des formes d’apprentissage. Une refonte des temps et modes d’interaction est un point de départ, par exemple par la réduction de la longueur moyenne des interfaces synchrones et l’aménagement de temps de pause plus longs.
Cela pourrait s’accompagner par davantage de temps pour des interactions asynchrones, sous la forme de classe inversée ou, plus novateur dans des institutions universitaires, par de brefs tutoriels.
Mais le temps pourrait également être réalloué à des moments d’échange et de partage ouverts, optionnels, qui pourraient jouer un rôle pédagogique mais également social. Car à n’en pas douter, le défi d’un enseignement en ligne, particulièrement dans le cas extrême du tout à distance, est celui de l’atrophie du lien d’humanité entre étudiants et enseignants, et, surtout, entre étudiants.
Or, les institutions ont clairement donné la priorité à la continuité de l’enseignement sans se montrer suffisamment attentives ni créatives dans le soutien à un maintien d’interactions d’humanité, notamment hors cours.
Même avec des moyens limités, de petites initiatives (ouverture de salles de cours avant l’heure, salles exclusives pour étudiants, temps de méditation) peuvent améliorer le quotidien.
Mais, plus fondamentalement, chaque enseignant, dans une démarche réflexive, devrait questionner sa manière d’enseigner, apprendre à varier ses pratiques, développer une écoute différente, et surtout imaginer un futur éducatif plus flexible et davantage façonnable par chaque étudiant.
Dans une telle perspective, les voies ouvertes par les solutions à distance sont enrichissantes, porteuses de changement positif, et non pas seulement un mal nécessaire le temps d’une pandémie.
Cet article a été publié dans la nouvelle édition de Globe, la Revue de l'Institut, #27, printemps 2021.