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Economie internationale
06 February 2020

L'impact économique du coronavirus

Depuis quelques jours, nombreux sont ceux qui décryptent les dégâts économiques que l’épidémie du nouveau coronavirus pourrait produire. Le menu inclut un ralentissement global de l’activité, une chute des cours boursiers, une baisse du prix du pétrole et bien d’autres mauvaises nouvelles. A vrai dire, on n’en sait rien. Pour commencer, on ne sait pas ce que sera l’épidémie. Son rythme explosif est angoissant et évoque les grandes catastrophes historiques comme la peste noire du XIVe siècle ou la grippe du début du siècle dernier. Dans ce cas, bien sûr, toutes ces prédictions apparaîtront après coup comme très optimistes.

Mais si elle ne dure que quelques semaines, voire quelques mois, il ne se passera pas grand-chose de mémorable. Bien sûr, l’activité commence déjà à baisser en Chine et, vu la taille de son économie, le reste du monde en ressentira les effets.

Mais, si l’expérience des catastrophes naturelles (tremblements de terre, éruptions volcaniques, inondations massives) ou épidémies contenues (SRAS ou Ebola) sert de guide, l’impact devrait rapidement disparaître. En général, le creux d’activité est suivi d’un pic parce que les gens dépensent ce qu’ils avaient épargné pour faire face au pire. Au bout du compte, il ne reste pas trop de traces.

Ce scénario optimiste suppose que les pays les plus touchés se relèvent rapidement. Ce n’est pas toujours le cas. L’exemple ici est le tremblement de terre en Haïti. Dix ans plus tard, le pays ne s’est pas relevé de cette catastrophe.

Mais c’est un cas extrême, un pays qui était déjà l’un des plus pauvres du monde pour les mêmes raisons (principalement corruption et un système d’éducation lacunaire) qui empêchent la reconstruction.

Si elle devait être durement touchée, la Chine se relèverait rapidement. Elle est bien trop organisée pour échouer, même si son mode d’organisation est controversé.

Si l’épidémie se développe aussi dans le Sud-Est asiatique, les pays voisins de la Chine en feront de même, sauf peut-être la Corée du Nord, mais c’est encore un cas extrême. L’Inde serait une autre histoire.

Evidemment, les pays occidentaux et émergents sont également capables de rapidement compenser le choc, si choc il y a. Il en va autrement des pays les plus pauvres, pour les mêmes raisons que Haïti.

Ils sont pauvres parce que leur gouvernance est déplorable ou parce qu’ils sont en guerre, parfois civile, souvent les deux en même temps. Ce n’est pas nouveau, ce sont toujours les plus faibles qui souffrent le plus.

Alors pourquoi toutes ces prévisions pessimistes? D’abord, c’est humain. Nous voyons cette catastrophe se développer rapidement et nous imaginons aisément le pire.

Ensuite parce que l’information économique est très influencée par le monde de la finance. Dans ce monde, la pire des erreurs est d’être en retard sur les concurrents.

Si les autres perçoivent un vague risque de chute des cours, il faut vendre avant que cela ne se produise peut-être, ce qui fait que cela se produit effectivement, et vite. Passé ce premier moment, les investisseurs se ressaisissent, et tout rentre dans l’ordre. C’est alors que ceux qui n’ont pas cédé à l’angoisse font de très jolis profits.

Les autres auront subi des pertes mais comme c’est le lot de la majorité d’entre eux, il n’y a pas de honte. Après coup, on peut toujours expliquer que, par bonheur (et grâce aux scientifiques qui ont trouvé la parade), l’épidémie a été contenue.

Le plus surprenant, c’est que c’est toujours pareil. Rappelez-vous les inondations de 2013 en Allemagne et le tremblement de terre de 2011 au large du Japon qui a atteint la centrale nucléaire de Fukushima.

A chaque fois, les prévisions économiques ont été angoissantes, mais elles ne se sont pas réalisées. Evidemment, ce genre d’événement n’est pas appelé à durer et il en va tout autrement avec une épidémie. Mais alors il faut admettre que nous sommes pour l’instant dans l’ignorance.

En attendant d’en savoir plus, lavez-vous les mains!

Cet article a été publié dans Le Temps du 6 février 2020.


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