Sociologue, Flavien Renaud s’intéresse à la coopération au développement. Il se spécialise dans ce domaine avec un Master of Advanced Studies en études du développement (IMAS) obtenu en 2010 et œuvre dans le soutien aux populations paysannes en Afrique et en Inde pour différentes ONG. Il veut comprendre pourquoi tant de projets ne fonctionnent pas comme prévu, pourquoi leur impact est si faible. Il se lance alors dans un doctorat en anthropologie à l’Institut, qu’il obtient en 2018.
 
Ce qui motive particulièrement Flavien dans cette discipline, c'est sa capacité à changer les perspectives, à déconstruire les croyances. C’est ainsi qu’il consacre cinq ans de recherche aux projets de développement au Burundi, portant notamment sur l’encadrement des producteurs de café et la privatisation et la libéralisation de cette filière qui procure la majorité des devises du pays ainsi que des revenus à la moitié de la population. 

Aussi intéressante que soit sa recherche, Flavien éprouve le besoin de mener des activités qui laissent une part plus large à l’expression et à la créativité. Si bien qu’il développe, parallèlement à la vie académique, une passion pour les arts de la scène. Dans un premier temps, il suit des cours d’improvisation théâtrale, une activité qui prend de plus en plus de place dans sa vie, notamment à la suite d’un séjour à Paris, où il joue toujours plus de spectacles et, surtout, où il découvre l’art du clown, du mime et du chant. 

À la fin de son doctorat, il part en Australie suivre la formation d’un maître en la matière, Ira Seidenstein (Cirque du Soleil, Slava’s Snowshow) à l’International School for Acting and Creativity. Après avoir passé cinq ans assis derrière un ordinateur à n’utiliser que sa tête, Flavien doit alors faire l’exact contraire : éteindre son cerveau rationnel, bouger son corps, être attentif aux sensations et suivre ce qui vient sans réfléchir. Pendant son entraînement et avec l’aide de son mentor, il crée une dizaine de numéros qui serviront de base à la création d’un spectacle qu’il joue d'abord en Australie, puis en Suisse et en France. 

Aujourd’hui, ses activités artistiques ont pris le pas sur ses activités académiques. En plus de son spectacle, il participe à plusieurs collaborations, dont un duo de clowns dans la région de Sydney, un duo de clowns improvisé à Paris ou encore un numéro de clown en collaboration avec Pro Infirmis et l’Avant-Scène Opéra au théâtre du Passage à Neuchâtel. Flavien donne régulièrement des ateliers clown pour adultes en Suisse romande. Il est en phase d’être certifié formateur en expression vocale et corporelle et art-thérapeute par la voix, le travail de la voix étant très étroitement lié à celui du corps. Il donne des formations d’expression corporelle et vocale pour faciliter la prise de parole en public, sous forme d’ateliers d’un ou deux jours ou par suivi individuel. Il aide ainsi étudiants et chercheurs à mieux communiquer leurs idées ou les résultats de leurs recherches. 

Son art peut également prendre la forme d’une performance, comme celle qui a eu lieu à l’Institut le 3 mars 2020 en soutien à Fariba Adelkhah et Roland Marchal, alors emprisonnés en Iran. À l’initiative du professeur Jean-François Bayart, Flavien Renaud offre une performance sur le thème Les Mille et une frontières de la liberté scientifique en Iran. C’était un moment particulièrement fort, non seulement en raison de la cause défendue – la liberté pour ces deux chercheurs et pour tous les autres qui subissent des répressions – mais parce c’était la première fois que Flavien revenait à l’Institut à la fois comme docteur et artiste clown-mime.