La Résidence étudiante Grand Morillon, propriété de l’Institut de hautes études internationales et du développement, est située sur un terrain qui était la propriété de l’État de Genève. La moitié de ce terrain a été acquise par une grande fondation genevoise qui a donné à l’Institut un droit de superficie gratuit de 100 ans et financé par un don généreux une partie de la construction. Sur l’autre moitié du terrain, l’État de Genève a octroyé un droit de superficie à Médecins sans frontières pour son quartier général et à la Fondation Terra & Casa pour des logements destinés majoritairement à des collaborateurs d’organisations internationales.
Les trois projets de construction ont été inscrits dans un plan localisé de quartier (PLQ) qui donne une cohérence urbanistique à l’ensemble, notamment en termes de densité, de paysage, de flux de mobilité et de lien avec les transports publics. Pour ce qui est de l’architecture, chaque maître d’ouvrage est resté libre de son choix ; en revanche, les aménagements extérieurs ont fait l’objet d’un projet commun.
L’emplacement de la résidence a des avantages évidents. Outre une vue magnifique sur le lac Léman, les Alpes et le Jura, le lieu est très bien desservi par les transports publics, que ce soit le bus ou le tramway qui montera à partir de 2024 de la place des Nations et retirera à la circulation automobile la route de Ferney. Les piétons peuvent quant à eux utiliser la promenade de la Paix qui passe entre les deux parties de la résidence et descend jusqu’au lac Léman en empruntant les escaliers de la Maison de la paix et la passerelle qui enjambe la voie ferrée.
La Résidence étudiante Grand Morillon complète la création du Campus de la paix autour de l’axe de la promenade de la Paix, depuis les hauteurs du Grand-Saconnex jusqu’au bord du lac Léman (villa Barton – en cours de rénovation –, villa Moynier et immeuble Rothschild) en passant par la Maison de la paix et la Résidence étudiante Edgar et Danièle de Picciotto.
Pour choisir l’architecte, l’Institut a procédé à un concours international. Une vingtaine de bureaux réputés, suisses et internationaux, ont été invités à présenter un projet sur la base d’un cahier des charges qui fixait l’objectif d’une construction orientée vers la découverte, la rencontre et l’échange entre ses habitant·e·s. À la différence de la Résidence Edgar et Danièle de Picciotto, située près du centre-ville et à côté de la Maison de la paix et de ses facilités, l’ambition était d’offrir aux étudiant·e·s un cadre de vie polyvalent favorisant une expérience communautaire.
À l’issue du concours, le choix du jury s’est porté à l’unanimité sur le projet de Kengo Kuma qui répondait parfaitement au cahier des charges en valorisant la dimension communautaire souhaitée, et cela de deux manières. Sur les façades extérieures de la résidence (côté BIT et côté route de Ferney), l’architecte a placé, à des hauteurs variables, trois grandes trouées faites de deux étages superposés accueillant les cuisines communes et donnant à voir à l’extérieur un pan de la vie commune de l’immeuble. Sur les façades intérieures, l’architecte a inséré une « balade graduelle » qui utilise une passerelle pour relier les deux corps du bâtiment entre lesquels passe la promenade de la Paix.
La « balade » remplit deux fonctions. Elle conduit par une promenade ascendante à flanc d’immeuble vers la terrasse panoramique. Et elle donne accès tout au long du parcours à des espaces dédiés à des activités communes qui font la transition entre l’espace public et l’espace privatif des logements. La résidence est ainsi dotée de deux caractéristiques marquantes : l’abondance des espaces communautaires, d’une part, et, d’autre part, l’égrènement de ces espaces le long d’une rue ascensionnelle au lieu de leur concentration au rez-de-chaussée, comme cela se fait d’ordinaire dans les logements étudiants.
À la simplicité du concept fait pendant la simplicité des choix d’aménagement. Kengo Kuma a voulu établir un contraste à la fois marqué et délicat entre la façade métallique faite de grands volets de couleur gris clair qui ont une force monumentale et des parties comme la « balade », les cuisines communes et les logements auxquelles la couleur bois apporte une ambiance de chaleur et d’intimité. Fidèle à la tradition japonaise, il a apporté beaucoup d’attention à la conception des logements, que ce soit dans l’utilisation économe de l’espace ou dans l’idée du bench, ce banc en bois placé près de la fenêtre qui fait la transition entre l’intérieur et l’extérieur et sert de lieu de rangement, de repos et de marche pour ouvrir et fermer les volets. La même attention se voit dans la qualité élevée des finitions.
La Résidence étudiante Grand Morillon reflète une forte préoccupation de développement durable qui s’inscrit pleinement dans la politique de l’Institut. Cette préoccupation a conduit l’architecte et le maître d’ouvrage à faire toute une série de choix, qu’il s’agisse des matériaux utilisés pour les surfaces de circulation ou de l’équipement destiné au climat de l’immeuble. Comme la Maison de la paix, la résidence est rafraîchie par le système GeniLac qui puise de l’eau dans les profondeurs du lac. Et elle est chauffée par un réseau de chauffage à distance utilisant principalement l’énergie dégagée par la combustion d’ordures ménagères. Par ailleurs, l’encouragement à la mobilité douce et aux circuits courts se marque dans les très nombreuses places pour les vélos et les deux jardins communautaires placés sur les toits.
L’exploitation de la résidence suit le modèle de la Résidence Edgar et Danièle de Picciotto, à savoir la fourniture d’un ensemble de prestations autour de l’hébergement. Les logements sont meublés et équipés. La surface et la literie font l’objet d’un nettoyage périodique. Le loyer comprend l’accès à tous les espaces communs, à l’exception du fitness dont l’abonnement est individuel. Enfin, un service de sécurité veille sur les résident·e·s.
La résidence a également pour fonction d’abriter le service responsable de l’administration de tous les logements de l’Institut ainsi que le service de sécurité du Campus de la paix.
24 200 m2 de surface brute de plancher (SBP), dont environ 2 000 m2
d’espaces communs.
Logements
Espaces communs
Coût et financement
Coût total : 146 000 000 fr., terrain compris.
Financement : don de 50 millions de fr., emprunt de 96 millions de francs.