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Students & Campus
12 September 2022

Amplifier les voix africaines

Abdourahmane Diaw, étudiant de master en études du développement, est le co-directeur du premier sommet africain qui aura lieu à l'Institut le 28 octobre prochain.

Plus connu sous le nom de Abdou, j’ai grandi à Dakar. Comme la plupart des jeunes de mon âge, j’ai aussi reçu une éducation islamique qui a servi à m’inculquer des valeurs religieuses mais aussi sociales. Le respect, la bienveillance, la solidarité et l’humilité, pour en citer quelques-unes, nous sont transmis dès le bas âge. 

Grandir à Dakar, c’est aussi se rendre compte rapidement des fléaux de la société, tels que la pauvreté et l’inégalité. Ils deviennent des sujets de discussion quotidiens auxquels tout le monde participe, indépendamment de son niveau d’étude, car tout le monde est confronté à ces réalités, en souffre et a la légitimité d’en parler et d’en débattre. Cependant, rarement arrive-t-on à une analyse de la cause racine de ces fléaux, en partie du fait de leur complexité. De même, parce qu’on est en Afrique, il y a un facteur d’analyse crucial qui manque, mais dont l’absence n’est pas si évidente, et c’est l’oppression du système international dont souffre le continent. 

C’est dans ces conditions que je décide de poursuivre des études en relations internationales à l’Université d’État de San Francisco en 2014. Là-bas, je commence à rassembler les outils nécessaires pour une analyse des causes fondamentales des fléaux présents dans la société sénégalaise, mais aussi dans ledit « tiers-monde ». Durant ce cursus, je réalise l’importance de l’interdisciplinarité dans toute analyse mais aussi dans la quête de solutions à ces maux. Naturellement, l’Institut et le caractère interdisciplinaire de ses programmes m’amènent à Genève. 

Au-delà de la continuité sur le plan académique, Genève a également été une suite naturelle d’une expérience à la fois enrichissante et frustrante qui a débuté en Californie : celle de rencontrer des personnes de l’autre bout du continent africain (et aussi du monde).  Enrichissante parce qu’elle m’a permis de faire tomber les préjugés dont j’ai hérité inconsciemment, et frustrante parce qu’il a fallu que je sorte du Sénégal pour rencontrer des personnes qui vivaient sur le même continent, mais qui avaient l’air distantes autant sur le plan géographique que culturel.

Aujourd’hui, je suis le codirecteur du premier sommet africain qui aura lieu à l’Institut en octobre. Cette initiative étudiante, qui rassemble des élèves africains et non africains, a pour objectif primaire d’amplifier les voix africaines, celles des victimes de l’oppression du système international, celles des citoyens qui débattent quotidiennement des causes de leur sort, celles d’un continent qui a réalisé des progrès malgré les énormes difficultés. Mon implication dans ce projet est tout sauf anodine. Elle révèle la bienveillance que j’ai héritée de l’éducation islamique qui prône le bien d’autrui, et l’humilité qui me permet de comprendre qu’un diplôme n’est sous aucun prétexte une source de supériorité.