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ALUMNAE-I
21 February 2024

HOMMAGE À CORNELIO SOMMARUGA

Ancien président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ancien étudiant et ancien membre du Conseil de fondation de l’Institut de hautes études internationales, Cornelio Sommaruga est décédé à l’âge de 91 ans.

Cornelio Sommaruga, humanitaire et diplomate suisse, est décédé à Genève le 18 février 2024 à l’âge de 91 ans. Il était surtout connu pour avoir été le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à une période clé de l’histoire, de 1987 à 1999, mais au Geneva Graduate Institute il reste plus proche de nos cœurs en tant qu’ancien étudiant puis, de 2000 à 2004, en tant que membre du Conseil de fondation, qu’il a aussi présidé ad interim en 2003.

D’origine tessinoise, Cornelio Sommaruga est né en 1932 à Rome, où son père était en poste à l’ambassade de Suisse. Il a obtenu son diplôme du Geneva Graduate Institute (ex-HEI) en 1961, avant de servir comme diplomate suisse à La Haye, Rome, Genève et Berne. Entre 1968 et 1973, il a occupé plusieurs postes de direction, représentant la Suisse auprès de l’Association européenne de libre-échange (AELE), de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) et de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU). Il est ensuite retourné à Berne où il a occupé des postes de haut niveau au Département fédéral de l’économie publique  du gouvernement suisse, notamment en tant que secrétaire d’État à l’Office des affaires économiques extérieures en 1984 et 1985,  avant d’être nommé président du CICR en 1986.

Au sein du CICR, il a joué un rôle humanitaire crucial dans une période marquée par la fin de la guerre froide et d’importantes crises humanitaires dues aux guerres de Yougoslavie et au génocide au Rwanda. Il était connu pour son franc-parler, notamment dans la défense des lois et principes qui protègent les victimes des conflits armés. N’ayant pas peur de tirer les leçons du passé, il a été le premier président du CICR à reconnaître publiquement l’incapacité de l’organisation à fournir une assistance et une protection significatives aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il a reçu de nombreux prix et distinctions honorifiques tout au long de sa carrière et, à sa retraite, n’a pas cessé de contribuer au bien-être de la communauté internationale en présidant Initiatives et Changement et le Centre international de déminage humanitaire de Genève (CIDHG), basé à la Maison de la paix. Il est également resté un membre actif de la communauté de l’Institut.

Davide Rodogno, professeur d’histoire et politique internationales et responsable du programme MINT à l’Institut, évoque la présence importante de Cornelio Sommaruga à l’Institut au fil des décennies :

« J’ai eu le privilège d’écouter Cornelio Sommaruga dans les années 1990, lorsque j’étais étudiant à l’Institut. Il m’a semblé incisif, précis et charismatique. Il défendait le travail du CICR, son indépendance dans le contexte des guerres de Yougoslavie et de Somalie, et j’ai été marqué par son humanité, qui l’emportait sur tout autre trait de son caractère. C’était déconcertant d’écouter quelqu’un parler de l’action humanitaire – neutre et apolitique – avec une telle force et une telle passion. Lorsque j’ai commencé à enseigner à l’Institut, à la fin des années 2000 et au début des années 2010, j’ai codirigé un séminaire interdisciplinaire avec le professeur de droit Nicolas Michel. Année après année, nous avons invité Cornelio Sommaruga à donner un ou deux cours. Sa présentation et sa critique de la responsabilité de protéger ont été mémorables et très appréciées par plusieurs cohortes d’étudiant·es. La Genève internationale perd l’un de ses représentants les plus emblématiques et les plus appréciés. »

Pour en savoir plus sur Cornelio Sommaruga, lisez notre « Histoire inspirante »