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22 January 2013

La France au Mali

Le professeur Jean-Louis Arcand s'interroge sur la stratégie de sortie du gouvernement Hollande.

Lorsque les événements de l’année dernière menèrent à la partition effective (et tragique) du Mali, il me fut clair que la France n’allait pas intervenir immédiatement: en pleine campagne présidentielle, le président Sarkozy ne pouvait pas risquer d’accueillir de nouveaux cadavres dans la cour des Invalides. Les réactions de la presse française aux pertes en Afghanistan étaient certainement dans les esprits des conseillers, des sondeurs d’opinion et des autres éminences grises de l’Elysée. Le président Hollande, quant à lui, tente de contrer son image supposée de «nouille molle», et envoyer les paras à Bamako pourrait contribuer à lui donner un air un peu plus macho. En passant, si la performance des Rafale n’est pas mauvaise, les exportations militaires françaises pourraient en bénéficier – un petit plus non négligeable par ces temps de crise économique.

L’intervention de la France PS au Mali suit dans la droite lignée du travail accompli précédemment en Libye par la France UMP: plus ça change, plus c’est la même chose. Mais au Mali, il y a une nuance qui n’en est pas une: à Bamako, nous sommes au cœur de la Françafrique. En Libye, la France n’était pas l’ancienne puissance coloniale, et la participation britannique très importante (bien que presque totalement ignorée par les médias de l’Hexagone) assura une dimension internationale rassurante. Peu importe que l’aviation française manquât très tôt d’un stock suffisant de bombes pour pilonner les colonnes de Kadhafi et dût se rabattre sur les réserves bien garnies de Washington. Et lorsque Bernard-Henri Lévy daigna se faire voir dans sa chemise d’une blancheur insolente à Benghazi, le côté Paris Match de l’intervention atteignit son paroxysme.

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Cet article a été publié dans Le Temps du 22 janvier 2013.

Jean-Louis Arcand est professeur d'économie et du développement à l'Institut depuis 2008. Il est également directeur du centre Finance et développement.