Comment les rapports de force internationaux vont-ils évoluer à l’avenir? Jussi Hanhimäki, professeur d’histoire internationale à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève, ne croit pas à un bouleversement mais à un réajustement des équilibres actuels: des Etats-Unis moins influents mais toujours très présents, une Chine puissante, mais confrontée à de nombreux défis, et une Europe en phase de recentrage.
Le Temps: Les Etats-Unis seront-ils toujours les «premiers parmi les puissants» en 2030, comme l’écrivait le Conseil national du renseignement américain en décembre dernier?
Jussi Hanhimäki: Le fossé qui existe à l’heure actuelle entre les Etats-Unis et le reste du monde aura diminué dans vingt ans, au niveau économique en tout cas. Sur le plan militaire en revanche, il est fort probable que les Etats-Unis conservent leur suprématie. Elle est écrasante à l’heure actuelle, puisque les sommes qu’ils consacrent à la défense équivalent à peu près aux budgets cumulés des 15 autres Etats les plus prodigues en matière d’armement. Il est difficile d’imaginer un changement fondamental dans les prochaines décennies, ne serait-ce que parce qu’il existe une très forte pression au sein du pays pour que le budget alloué à la Défense, considéré comme une priorité absolue, demeure massif et inégalé sur le plan mondial.
– Cela va-t-il permettre aux Etats-Unis de maintenir l’influence prépondérante qu’ils exercent sur les relations internationales?
– Je ne suis pas certain que cela suffise, car on les sent très réticents à l’idée de faire usage de leur force militaire. Après les expériences difficiles de l’Irak et de l’Afghanistan, le pays se retrouve dans une situation semblable à celle qu’il a connue après le Vietnam, et dans la décennie qui va suivre, il est très peu probable que le pays s’engage militairement sur un nouveau front. Il faudrait une crise qui touche directement les Etats-Unis pour que Washington se résolve à ce type d’intervention. Leur suprématie militaire et l’interventionnisme dont ils ont fait preuve ont en outre alimenté un fort sentiment anti-américain à peu près partout. Tout comme l’inhibition du pays à user de sa puissance de feu, cette aversion pourrait compromettre le maintien de son influence. Pour résumer, on constate que les Etats-Unis n’ont plus la même envie de jouer les gendarmes de la planète, et que le reste du monde n’est de toute façon plus disposé à leur laisser ce rôle.
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Cet article a été publié dans Le Temps du 14 janvier 2013.
Propos recueillis par Sandra Moro.
Jussi Hanhimäki est professeur d'histoire internationale et l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire américaine, la Guerre froide et les relations transatlantiques.
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