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24 August 2012

Moyen-Orient

M.R. Djalili et Th. Kellner analysent l'impact qu'aura la chute de Damas sur l'Iran.

Galvanisée par la chute de ses ennemis, de Saddam Hussein et des talibans, la République islamique avait gagné en importance géopolitique dans la décennie 2000. Mais son obstination à soutenir à tout prix Bachar el-Assad est en train de l’affaiblir et de l’isoler de façon spectaculaire.

Depuis un peu plus d’une décennie, nombreux sont les observateurs qui ont discerné un renforcement de l’importance géopolitique de la République islamique d’Iran, tant sur la scène internationale qu’au plan régional. Cette montée en puissance est cependant le produit d’événements étrangers à l’action du régime iranien. Le renversement des talibans en Afghanistan en 2001 par une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, puis, en 2003, la guerre d’Irak qui a éliminé le régime de Saddam Hussein ont eu des retombées extrêmement positives pour l’Iran sans que ce dernier y soit pour grand-chose. Ces deux conflits ont non seulement mis fin à l’existence de deux régimes ennemis du pouvoir iranien, en place dans deux pays voisins, mais ils ont aussi offert à Téhéran l’occasion de redéployer toute sa politique régionale.

A ces transformations de son environnement géopolitique s’est aussi ajouté un autre facteur, non moins déterminant pour la puissance iranienne: l’envolée des prix du pétrole sur le marché international pendant la décennie 2000. Ce prix élevé du pétrole, principale source de revenu de l’Etat iranien, conjugué aux transformations de l’environnement géopolitique du pays, devait en principe permettre à l’Iran d’améliorer considérablement sa position internationale et de renforcer ses capacités d’action. Si Téhéran, empêtré dans la crise du nucléaire et incapable de tempérer ses propres contraintes idéologiques, n’est pas parvenu à tirer le meilleur parti de ce contexte favorable, la faute n’en incombe qu’à lui-même.

Avec le Printemps arabe, la République islamique a eu l’impression qu’une nouvelle chance se présentait. Pour Téhéran, les révoltes arabes signifiaient «le réveil de l’islam», l’arrivée au pouvoir des courants islamistes solidaires avec le régime iranien, une défaite pour les Américains, Israël et plus généralement pour l’Occident. Mais contrairement aux attentes de Téhéran et au discours du régime, le Printemps arabe n’est pas annonciateur d’une nouvelle phase ascendante pour la puissance iranienne. Il marque au contraire plutôt l’amorce d’un retournement de conjoncture. En effet, si Téhéran a bien enregistré quelques gains en raison des transformations régionales du Moyen-Orient, consécutives à l’effondrement des régimes tunisien, égyptien et libyen, au total, le Printemps arabe est venu considérablement affaiblir ses positions, à la fois dans le golfe Persique et au Levant.

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Cet article rédigé par Mohammad-Reza Djalili et Thierry Kellner a été publié dans Le Temps du 23 août 2012.

Mohammad-Reza Djalili, ancien professeur associé à l’Institut, est spécialiste de l’Iran et des conflits au Moyen-Orient.

Thierry Kellner est docteur en relations internationales de l’Institut et chargé de cours au département de science politique de l’Université libre de Bruxelles.

Article sur les relations Iran-Irak par Mohammad-Reza Djalili et Thierry Kellner.