Depuis trois mille ans, l’Iran fascine par son histoire, ses traditions et son immense patrimoine culturel. Mais depuis la révolution de 1979 le pays inquiète car la République islamique mêle le politique et le religieux. Le régime limite considérablement les libertés de la population et peine à garantir le développement économique du pays dans une région aujourd’hui en plein chaos. Dans L’Iran en 100 questions, Mohammad-Reza Djalili, professeur retraité de l’Institut, et Thierry Kellner, maître de conférence à l’Université libre de Bruxelles et docteur de l’Institut, décryptent en 100 questions concises et didactiques les grands enjeux d’un géant mal aimé mais plus que jamais incontournable sur l’échiquier géopolitique moyen-oriental. Ils nous expliquent comment ils ont réussi ce tour de force.
Quelle est l’originalité de L’Iran en 100 questions par rapport à 100 questions sur l'Iran, votre ouvrage précédent paru il y a trois ans?
Cette nouvelle édition diffère substantiellement de la première, et cela s’explique d’abord par les changements importants qu’a connus l’Iran même, en premier lieu l’élection en 2013 d’un nouveau président, Hassan Rohani, dont le discours modéré se situe aux antipodes de celui de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad. La nouvelle approche de Rohani a eu comme conséquence majeure la résolution de la crise du nucléaire iranien qui, depuis une douzaine d’années, avait fait de l’Iran un État paria et isolé sur la scène internationale. L’Iran a ainsi amorcé son retour dans la communauté des nations et ouvert un nouveau chapitre de son histoire. Mais, plus encore que les changements internes, le contexte géopolitique autour de l’Iran a connu des bouleversements considérables depuis quelques années. Les printemps arabes et leurs échecs, la guerre civile en Syrie et ses ramifications régionales et internationales, la prise de Mossoul par Daech en juin 2014 et l’essor de celui-ci en Irak et en Syrie, l’intervention de la coalition saoudienne au Yémen en mars 2015, le tout intensifiant la guerre froide qui oppose Téhéran à Riyad, sont des événements déterminants qui ont conditionné les stratégies régionales et internationales de la République islamique. La nouvelle édition des 100 questions rend compte de l’ensemble de ces transformations et de leurs conséquences pour Téhéran.
L’autre différence de taille entre cette édition et la précédente, c’est son volume. La nouvelle édition, en plus des actualisations nécessaires pour certains sujets déjà traités, comprend une centaine de pages supplémentaires ainsi qu’une bibliographie sélective qui n’existait pas dans la première édition et grâce à laquelle les lecteurs souhaitant approfondir l’un ou l’autre thème abordé trouveront immédiatement les meilleures références sur les sujets couverts par nos 100 questions.
Mais comment avez-vous réussi à introduire autant d’ajouts tout en respectant ce cadre des 100 questions voulu par la collection?
Ça a été un exercice très difficile. Il nous fallait par exemple inclure le contenu de l’accord sur le nucléaire du 14 juillet 2015, ou encore les problèmes écologiques qui se sont beaucoup aggravés ces derniers temps en Iran. Nous avons dû fusionner certaines de nos notes, trouver de nouveaux angles d’attaque sur une problématique déjà traitée ou éliminer des sujets plus datés.
Quelles seraient les questions 101 et suivantes?
Sur un pays aussi complexe et au passé et à la culture aussi riche que l’Iran, on peut évidemment évoquer bien d’autres questions que les 100 que nous avons choisi de traiter. Cette édition, comme la précédente, est destinée au départ à un public francophone. Si des éditeurs nous proposaient de traduire notre livre, nous devrions sans doute élargir le dernier chapitre, consacré aux relations France-Iran, à d’autres pays, voire à l’Europe. De même, certaines régions n’apparaissent pas dans le chapitre sur les questions géopolitiques : il existe par exemple une «politique africaine» de l’Iran. Un thème peut-être pour une prochaine édition…
Djalili, Mohammad-Reza, et Thierry Kellner. L’Iran en 100 questions. Coll. 100 Questions sur. Paris: Tallandier, 2016. 384 p.