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12 November 2012

Obama, nouveau Roosevelt?

Selon le prof. Hanhimäki, la comparaison est «tirée par les cheveux».

« Les dernières chaises ont été rangées dans un Centre des congrès de Chicago transformé en temple de la victoire de Barack Obama. Les calicots tricolores décrochés des murs de la salle de balle du Westin Boston Waterfront Hotel, où Mitt Romney n’a pu que reconnaître sa défaite mardi soir. La question du sens historique peut donc de nouveau ressurgir. Dès son accession à la Maison-Blanche, en 2008, Obama avait été grimé en Franklin Delano Roosevelt de l’époque. Une défaite en 2012 en aurait fait un Herbert Hoover, président ayant dû gérer une crise héritée dès son arrivée. Et dont il ne reste plus guère qu’un barrage aux confins du Nevada. Regard vers le passé avec Jussi Hanhimäki, historien qui refuse d’emprunter de tels raccourcis.

Le Temps: Les élections américaines ont tranché. Le président réélu est donc «Barack Roosevelt», celui qui sortira l’Amérique des années noires?

Jussi Hanhimäki: Ces comparaisons avec les années 1930 restent tirées par les cheveux. Ne serait-ce qu’en raison de l’ampleur de la crise, totalement différente. La Grande Dépression, qui amena Roosevelt au pouvoir en 1933, était d’une gravité telle qu’elle marqua le comportement des hommes politiques américains pour des décennies. On parle d’une Amérique minée par un chômage supérieur à 20%. Au coeur de la récession de 2009, la proportion des sans-emploi était moitié moindre. Ceci n’explique qu’une partie de la distinction. L’électorat était alors totalement différent.

Voter démocrate ou républicain n’avait pas le même sens dans l’entre-deux-guerres?

Soyons clairs: replongés dans cette époque, les partisans démocrates actuels ne reconnaîtraient en rien leur parti. Rappelez-vous que le «Deep South» – dans lequel les Afro-Américains n’avaient pas le droit de vote – était un bastion démocrate. Et cela fut le cas jusque dans les années 1960. Jusqu’à ce que le soutien de Lyndon Johnson – un Texan; car, oui, le Texas était majoritairement démocrate dans les années 1960 – au mouvement pour les droits civiques privât le parti du vote des Blancs dans ces Etats. »

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Cet article a été publié dans Le Temps du 10 novembre 2012.
Propos recueillis par Pierre-Alexandre Sallier.

Jussi Hanhimäki est professeur d'histoire internationale à l'Institut et l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire américaine, la Guerre froide et les relations transatlantiques.