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08 February 2013

Zone euro

Selon le prof. Charles Wyplosz, l'Europe ne sortira de la crise qu'après un nouveau plongeon.


Photo de Charles Wyplosz par Carole Parodi.

Dettes souveraines. L’optimisme retrouvé des élites européennes ne fait pas disparaître les énormes déséquilibres qui déstabilisent toujours l’économie du continent.

Un nouvel optimisme règne sur la zone euro depuis le début de cette année. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a même déclaré le 7 janvier dernier que «les problèmes existentiels avaient été surmontés». Les marchés financiers traduisent ce nouvel élan par une euphorie retrouvée: baisse des tensions sur les emprunts souverains des pays du sud de la zone et hausse des valeurs boursières. Or, maints spécialistes demeurent sceptiques, à commencer par Charles Wyplosz, professeur à l’Institut.

Croyez-vous José Manuel Barroso lorsqu’il affirme que la crise de l’euro est terminée?

Non. Et pourtant le président de la Commission européenne n’est pas le seul à l’avoir dit. Mario Draghi, gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) et certains chefs d’Etat comme le président français François Hollande l’ont également affirmé. Les marchés financiers ont le même sentiment, ce qui les rend euphoriques. La BCE, après l’arrivée d’une nouvelle génération de dirigeants à sa tête, s’est fermement engagée pour assurer la survie de l’euro, quel qu’en soit le prix. Elle a ainsi réussi à calmer leurs angoisses.

Je reste cependant inquiet. Beaucoup reste à faire pour sortir la zone euro de ses difficultés. Ces travaux sont de la responsabilité des gouvernements. Or, comme ceux-ci ne sont plus soumis à la pression des marchés, ils n’ont plus de raisons de poursuivre les réformes amorcées sous l’emprise de la nécessité. Aussi, les déséquilibres de la zone euro demeurent-ils et la crise peut ressurgir à n’importe quel moment.

Que reste-t-il à faire pour sortir de la crise?


Les dettes doivent cesser d’augmenter et les comptes publics atteindre, au moins, l’équilibre. Or, c’est le contraire qui se produit: la récession creuse les déficits. En cherchant à les réduire, les gouvernements aggravent encore les difficultés économiques. C’est un cercle vicieux dans lequel plusieurs pays de la zone euro sont engagés, créant une situation extrêmement dangereuse.

De plus, la décroissance des économies entraîne une détérioration de la qualité des prêts accordés par les banques commerciales. Celles-ci comptent toujours plus de crédits douteux dans leurs bilans. Leurs capacités à accorder de nouveaux crédits s’en trouvent réduites. La récession est aggravée par ce second cercle vicieux. Tout cela engendre une atmosphère de catastrophisme de plus en plus mal ressentie par l’opinion publique.

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Cet article a été publié dans L'Hebdo du 31 janvier 2013.
Propos recueillis par Yves Genier.

Charles Wyplosz est professeur d’économie internationale. Il est directeur du Centre International d’Etudes Monétaires et Bancaires (CIMB), qui est associé à l'Institut. Il est spécialiste du système monétaire international, des taux de change, des crises financières, de l’intégration européenne, de l’intégration monétaire régionale et des réformes économiques en Europe. Il conseille notamment la Commission européenne, le FMI, la Banque mondiale et plusieurs institutions financières internationales.