Martine Brunschwig Graf a présidé le Parti libéral genevois de 1988 à 1990 et a été députée au Grand Conseil de 1989 à 1993. Le 14 novembre 1993, elle est élue au Conseil d'État et réélue les 16 novembre 1997 et 11 novembre 2001. Elle dirige successivement le Département de l'instruction publique puis, dès mars 2003, le Département des finances et le Département des affaires militaires. Durant son mandat, elle est présidente du Conseil d'État à deux reprises. En octobre 2003, elle est élue au Conseil national et intègre la Commission de la science, de l'éducation et de la culture. Elle a été présidente du Conseil de fondation de l’Institut de 1993 à 2003.
Dans cet entretien avec Marie-Laure Salles, directrice de l’Institut, Martine Brunschwig Graf évoque son rôle de présidente du Conseil de fondation en qualité de conseillère d’Etat et ses priorités de l’époque qui étaient de déterminer le futur de l’Institut en tant qu’institution d’enseignement de 2ème cycle et 3ème cycle, de maintenir son autonomie vis-à-vis de l’Université qui délivrait, à l’époque, les diplômes de l’Institut tout en cherchant à résoudre ses problèmes financiers.
Elle évoque ensuite à la demande de Marie-Laure Salles le discours qu’elle a donné à l’occasion du 75ème anniversaire de l’Institut où elle fait un magnifique éloge de l’Institut dont le rôle est de « former des personnes appelées à prendre des responsabilités et d’en faire des citoyens du monde capables de comprendre la complexité ».
Elle explique ensuite le processus qui a mené à la fusion de HEI et de l’IUED, deux institutions auxquelles elle était profondément attachée, et qui par leur culture différente pouvaient s’apporter « profondément quelque chose ». Bien qu’elle ne soit pas sûre que l’on ait totalement tiré parti de tous les avantages de cette opération, elle voit tout de même les fruits de cette fusion notamment dans le domaine de la santé et du droit humanitaire.
Elle décrit ensuite les différents projets de la Maison de la paix dont on parlait déjà en 1996 pour favoriser un environnement d’apprentissage propice pour un nombre croissant d’étudiants, et surtout les discussions au sein du Conseil de fondation de l’époque sur le rôle intellectuel de l’Institut et son positionnement alors qu’il y avait beaucoup de visions différentes et un fonctionnement en silo à l’Institut.
Sur sa vision du rôle de l’Institut, elle rappelle qu’en cette période de tentation totalitaire, il est plus que jamais nécessaire de soutenir l’Institut qui doit continuer à cultiver une pensée multilatérale, d’ouverture et une approche interdisciplinaire dans la formation de futurs leaders capables de conduire des changements positifs, tout en favorisant l’inclusivité par l’augmentation de la présence d’étudiantes et d’étudiants africains, mais aussi suisses et de Suisse alémanique particulièrement.