La chaire Yves Oltramare tiendra sa rencontre annuelle à la Maison de la Paix, sur le thème de « la souveraineté religieuse : vieux sujet, nouveaux débats », les 20-21 octobre.
En 2024, le président Zelensky, pour justifier l’interdiction de l’Église orthodoxe ukrainienne, inféodée au Patriarcat de Moscou, a déclaré qu’elle portait atteinte à l’« indépendance spirituelle » de la nation. Ce faisant, il reprenait une vieille question qu'avaient posée les relations tumultueuses entre Dieu et César tout au long du Moyen Âge, du premier Âge moderne et de la confessionnalisation de l’État à la suite des guerres de Religion et de la guerre de Trente Ans. La Révolution française, les Kulturkämpfe du 19e siècle, la création d’Églises monocéphales au fur et à mesure que se disloquaient les empires ont renouvelé la problématique dans le cadre de l’État-nation.
Contrairement à une légende tenace, les rapports entre la sphère du religieux et celle du pouvoir politique n’ont pas été plus faciles dans les sociétés islamiques qui distinguaient clairement ces deux catégories.
Dans d’autres univers politico-religieux, par exemple en Asie, en Afrique, en Océanie, le problème s’est posé différemment, faute de l’un des deux protagonistes. La religion, telle qu’on la définit depuis le début du 19e siècle dans les sociétés occidentales, sous la forme d’un champ différencié par rapport au politique, à l’économique, etc., n’y existait pas en tant que telle. Le politique lui-même n’empruntait pas forcément un cadre étatique.
Mais l’expansion coloniale et plus largement la globalisation ont étendu à l’ensemble du monde les questions de l’administration et de la souveraineté religieuses.
Il est d’autant plus important de renouveler notre réflexion à ce sujet que les révolutions conservatrices d’aujourd’hui mobilisent volontiers la religion, souvent au grand dam des autorités religieuses elles-mêmes.
La Rencontre annuelle de la chaire Yves Oltramare réunira enseignants-chercheurs de différentes disciplines, femmes et hommes de religion, cinéastes et artistes pour y réfléchir. Elle se clôturera le mardi, à 20h, aux Cinémas du Grütli, par une projection-débat du documentaire In Viaggio (2022) de Gianfranco Rosi, consacré aux voyages du pape François.
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