Dans un monde caractérisé par la prolifération des accords commerciaux (et d’investissement) bilatéraux, les organisations économiques régionales traditionnelles risquent de perdre leur raison d’être. Ce risque est particulièrement marqué pour l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), fondée en août 1967 par cinq pays – l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande – dans le triple objectif d’accélérer la croissance économique, de promouvoir la paix et la stabilité régionale et d’encourager la coopération et l’assistance mutuelle sur des questions d’intérêt commun. Malgré plusieurs élargissements au cours des années 1990, pour inclure des pays à économie «socialiste» (Cambodge, Laos et Vietnam), en voie de libéralisation, et de nombreuses initiatives de haut niveau pour faire progresser les engagements collectifs de libéralisation, l’Asean a, dans les grandes lignes, échoué à susciter et accompagner la mise en œuvre d’une vigoureuse libéralisation des échanges commerciaux entre ses membres. Elle a, de plus, un bilan mitigé en tant que forum censé favoriser la paix et le développement de «sociétés solidaires». L’Asean a, en conséquence, peu à peu perdu en visibilité, et se retrouve aujourd’hui noyée au centre d’un écheveau complexe d’accords commerciaux préférentiels bilatéraux.
Pour retrouver un élan salvateur, l’Asean a cherché à se tailler un rôle régional sur mesure, par le biais d’une série d’initiatives destinées à développer les relations avec les principaux pays de l’ensemble de la région, voire au-delà, avec la communauté mondiale des nations. Outre la signature d’accords bilatéraux de libre-échange avec des pays non-membres, dont la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud (accords Asean +1), l’Asean a lancé des projets plus ambitieux, en commençant par l’établissement, en mai 2000, de l’Asean +3, un accord financier régional avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Cette initiative comprend un accord d’échange de devises à court terme (swap), et plusieurs accords de swap bilatéraux entre pays participants. La création éventuelle d’une zone de libre-échange de l’Asie de l’Est aura pour effet une multilatéralisation des accords actuels Asean +1 avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud. L’Asean +3 se présente comme le centre névralgique, ou comme le centre d’intégration le plus évident en Asie. Il est toutefois difficile de se faire une idée de l’avenir de l’Asean dans ce contexte d’association avec les plus grandes économies de la région.
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Cet article, qui vient de paraître dans la nouvelle édition de Globe N°11 | Spring 2013, la revue de l’Institut, a été publié dans Le Temps du 15 mars. Le dossier de cette édition est consacré à la thématique: Global Governance of the World Trading System avec, également, des articles des professeurs Baldwin et Pauwelyn.
Cédric Dupont est membre du corps enseignant de l'Institut depuis 1995. Il est également directeur de la Formation Continue et alumnus. Ses domaines de recherche portent, entre autres, sur l'économie politique internationale et l'intégration régionale.
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