Interview du professeur David Sylvan sur la sécurité intérieure aux Etats-Unis suite à l'attentat au marathon de Boston le 15 avril 2013.
Y a-t-il eu un relâchement dans la sécurité intérieure américaine, sachant qu’ils n’avaient plus été frappés chez eux depuis 2001?
Non, je ne pense pas. Ce qui s’est passé au marathon de Boston aurait pu se produire ailleurs. Dans n’importe quelle ville, il y a énormément de places où les gens se rassemblent. C’est juste impossible de protéger tous ces endroits. Même dans les pires moments après le 11 septembre, personne n’a songé à mettre des patrouilles de policiers dans chaque endroit où les gens se retrouvent.
L’administration Obama a mis au point en 2011 une nouvelle stratégie pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme. A-t-elle été efficace?
On ne peut pas dire que les Etats-Unis aient une véritable politique de sécurité intérieure. Celle-ci consiste plutôt à donner plus de ressources au FBI et au Département de la sécurité afin de leur permettre d’écouter davantage de conversations téléphoniques, d’intercepter plus d’e-mails ou d’embaucher des agents. Bien sûr, il y a des actions dans les aéroports et autres endroits sensibles comme les centrales nucléaires. Le FBI a pendant des années suivi les gens qu’il suspectait d’être des auteurs d’attentats. Plusieurs complots terroristes ont été déjoués et des centaines de personnes arrêtées.
Obama doit-il muscler sa stratégie?
J’ai du mal à imaginer ce qu’il peut faire en plus. Les événements sportifs sont une cible potentielle d’attentats, certes. Mais les spectateurs sont par exemple fouillés à l’entrée de certains stades américains. Après le 11 septembre, les mesures de sécurité ont été renforcées dans le pays, mais on s’est peu à peu rendu compte que cela ne servait pas à grand-chose. Et elles ont été assouplies. Jusque-là, les hommes politiques avaient toujours le même type de raisonnement: il faut faire tout ce qui est possible pour empêcher qu’un attentat, même avec une probabilité très basse, se produise. Mais cela coûtait tellement cher de mettre en place des moyens qu’ils ont renoncé à en faire plus.
David Sylvan est professeur de relations internationales et de science politique à l’Institut depuis 1992.
Cet interview a été publié dans Le Courrier et La Liberté du 17 avril 2013.
Propos recueillis par Thierry Jacolet.
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