Le monde a changé – mais pas l’OMC. Les flux transfrontières des biens, des investissements, des services, du savoir-faire et des personnes liés aux réseaux de production internationaux – en bref, la gestion de la chaîne d’approvisionnement – ont transformé le monde. L’OMC n’a pas suivi.
L’Organisation mondiale du commerce semble au contraire engluée dans un profond malaise. Incapable de conclure le Cycle de Doha en raison de conflits du XXe siècle sur les droits de douane et des obstacles posés au commerce des produits agricoles, l’OMC semble être tout aussi incapable d’aller de l’avant dans quelque domaine que ce soit. Les membres les plus indéfectibles de l’OMC commencent à chercher ailleurs les nouvelles règles nécessaires pour encadrer les échanges commerciaux du XXIe siècle.
Cet échec est paradoxal. Le malaise ne reflète en rien d’éventuels sentiments hostiles à la libéralisation des échanges. Bien au contraire, des membres de l’OMC – dont des pays comme l’Inde, le Brésil et la Chine qui l’ont pendant longtemps critiquée – ont réalisé une libéralisation massive du commerce, des investissements et des services au cours de la première décennie de ce siècle. Dans la pratique, les membres de l’OMC ont fait progresser les objectifs de libéralisation de l’OMC aux plans unilatéral, bilatéral et régional – pour ainsi dire à tous les niveaux, sauf au sein même de l’OMC.
Il est intéressant de noter que le malaise ne reflète pas non plus le manque de popularité de l’OMC. L’organisation continue à attirer de nouveaux membres, dont des nations puissantes comme la Russie, malgré le coût politique élevé encouru par l’adhésion. Enfin, il ne reflète pas un manque de pertinence de l’organisation: les membres ont de plus en plus recours au mécanisme de règlement des différends. En bref, dès lors qu’il s’agit des questions et des échanges commerciaux du XXe siècle, l’OMC a toute sa raison d’être.
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Cet article, qui vient de paraître dans la nouvelle édition de Globe N°11 | Spring 2013, la revue de l’Institut, a été publié dans Le Temps du 21 février. Le dossier de cette édition est consacré à la thèmatique: Global Governance of the World Trading System avec, également, des articles des professeurs Pauwelyn et Dupont.
Richard Baldwin est professeur d’économie internationale à l’Institut et codirecteur du Centre for Trade and Economic Integration. Il est également fondateur et rédacteur en chef de VoxEU.org, directeur politique du Centre for Economic Policy Research, et un membre élu du Council of the European Economic Association.