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27 September 2021

CONSOLIDER L’ANCRAGE DE L’INSTITUT EN AFRIQUE

Interview avec le professeur Eric Degila. 

Vous êtes originaire du Bénin et diplômé de l’ENA, vous avez enseigné la politique africaine au Japon et avez été conseiller à la coopération internationale auprès du président de l’Université africaine de technologie et de management - UATM. Comment êtes-vous arrivé à l’Institut ?

J’ai rejoint l’Institut en 2015 en tant que chercheur en résidence au Centre sur la gouvernance globale afin d’y conduire une recherche pionnière sur la place de l’Afrique dans la gouvernance globale contemporaine.

Diplomate de formation, je me suis toujours intéressé à l’analyse des questions internationales en « spectateur engagé » avec la préoccupation de mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre sur la scène mondiale.

L’Institut et l’écosystème de la Genève internationale constituent un cadre privilégié pour étudier ces enjeux et reconfigurations. 

Quels sont vos centres d’intérêts en matière d’enseignement et de recherche ?

Au début des années 1990, j’ai été marqué par le récit d’un camarade de classe dont la famille avait dû fuir un pays voisin du mien pour échapper à une guerre civile. Plus tard, j’ai cherché à comprendre pourquoi l’Afrique est si souvent confrontée aux affres de la violence armée qui compromet son développement.

Ce questionnement m’a conduit à m’intéresser au processus de formation de l’État moderne africain, dont la trajectoire historique particulière offre un éclairage utile.

Mes axes d’enseignement et de recherche portent également sur l’intégration régionale et la gouvernance globale, ainsi que sur la migration et la santé.

Comment voyez-vous la place de l’Afrique dans la gouvernance globale et le rôle de l’Institut en Afrique ?

L’accélération du phénomène de la mondialisation et la reconfiguration post-bipolaire de l’espace mondial ont conduit à un positionnement nouveau de l’Afrique, longtemps perçue comme un angle mort du système-monde.

Aujourd’hui, les États africains à l’instar d’autres acteurs du Sud global, ont pleinement investi la scène internationale en jouant au mieux leur partition dans la gouvernance globale, qu’il s’agisse des questions environnementales, commerciales ou en matière de santé, d’innovation et de propriété intellectuelle.

Dans un monde tout à la fois interdépendant et fragmenté, il nous faut revisiter notre manière d’analyser les relations internationales, par-delà ce tropisme qui consiste à ne se préoccuper que des « grands ».

Par sa position unique, l’Institut a un rôle de premier plan à jouer en stimulant la réflexion autour d’une approche décentrée et plus ouverte, en diversifiant ses partenariats et en consolidant son ancrage en Afrique, afin de donner plus à voir ce que les « périphéries » nous apprennent sur un monde en constante mutation. 


Cet article a été publié dans Globe #28.