La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, connue sous le sigle de CITES, occupe une place à part dans la gouvernance environnementale mondiale. C’est en effet, avec le Protocole de Montréal sur la couche d’ozone, un des seuls accords internationaux qui peut être considéré comme un succès. C’est que, contrairement à la plupart des traités environnementaux dont l’application est sujette à la bonne volonté de chaque Etat, la CITES est contraignante, elle a des dents.
L’idée à l’origine du traité est de différencier le commerce mondial des espèces sauvages en trois catégories. Certaines espèces fortement menacées sont interdites de commerce par les Etats, pour ne pas contribuer à leur extinction (tigre, rhinocéros ou lynx). D’autres, moins menacées (cétacés, bois d’acajou ou cactus), peuvent être commercées en quantités limitées par des quotas, permettant à la fois la survie de ces espèces et une activité économique parfois vitale pour certaines populations locales. Est régulièrement cité l’exemple de la vigogne dont les paysans andins tirent une laine de grande qualité. D’autres espèces sont considérées comme étant plus abondantes et ne sont pas réglementées. Au total, la CITES régule le commerce international de plus de 33 000 espèces d’animaux et de plantes inscrites sur ses listes. La surveillance est effectuée par les services douaniers de chaque pays membre et par Interpol. Tout pays qui autorise le commerce d’espèces interdites ou de quantités supérieures aux quotas se voit en principe notifié, encouragé à corriger la situation et éventuellement interdit de commerce. C’est la clé de l’efficacité de la Convention.
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Cet article a été publié dans Le Temps du 28 mars 2013.
Marc Hufty, professeur titulaire à l'Institut, est spécialiste de la gouvernance environnementale. Il a mené ses recherches en Argentine, en Bolivie, au Pérou, au Chili, au Nicaragua, à Madagascar et en Afrique du Sud.