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04 May 2015

La diversité linguistique est une richesse

Des étudiants créent l’Amicale des étudiants francophones (AMEF) afin de cultiver la diversité linguistique au sein de l’Institut, une tradition qui remonte à sa création en 1927.

Des étudiants créent l’Amicale des étudiants francophones (AMEF) afin de cultiver la diversité linguistique au sein de l’Institut, une tradition qui remonte à sa création en 1927.

Entretien avec Bouna Mbaye, étudiant francophone en 1re année de master en relations internationales/science politique, qui est à l’origine de cette initiative.

Votre objectif est-il de « défendre » le français ?

Ces vingt dernières années, nous avons assisté, notamment en France, à la profusion d’associations ayant  pour but de « défendre » le français contre « l’invasion » de l’anglais. Fidèle à cet esprit chevaleresque, nous aurions pu créer, à l’Institut, un front étudiant de défense de la langue française dont les membres se seraient réunis périodiquement dans un quartier général virtuel ou réel pour préparer, dans la plus grande discrétion, leurs assauts contre l’anglais. J’ironise à dessein sur ces postures aussi vaines que belliqueuses et précise d’emblée que l’amicale ne se propose pas de « défendre » le français en raison de ses vertus intrinsèques ou de sa supériorité supposée à l’anglais et aux autres langues, ou encore par nostalgie pour sa gloire passée. Cependant, l’adoption du « tout à l’anglais », que d’aucuns considèrent comme la seule politique linguistique souhaitable, possible ou « réaliste » pour toute institution qui, comme l’Institut, a une vocation internationale, nous paraît mener à des impasses tout aussi regrettables.

Photo Bouna Mbaye.png Bouna Mbaye

Pourquoi créer cette amicale ?

Le bilinguisme à l’Institut est une question sensible qui resurgit régulièrement à l’occasion de débats qui portent le plus souvent sur la place du français. L’amicale se propose de travailler de concert avec la direction, les étudiants et le corps professoral afin de jeter les bases d’une politique linguistique fondée sur les principes d’équité et d’efficacité et permettant de concilier la poursuite de l’internationalisation de l’Institut avec son identité bilingue. Pour reprendre une métaphore que j’emprunte à Philippe Van Parijs, l’AMEF, à travers des propositions concrètes et des activités, s’attache à « adoucir », voire à surmonter le dilemme suivant : comment l’Institut peut-il  préserver son cœur (son attractivité internationale, sa survie économique) sans perdre son âme (bilingue) ?

Quelles actions avez-vous déjà menées ?

Les propositions de l’amicale ont été consignées dans un rapport intitulé « Le bilinguisme d’hier à demain : plaidoyer pour la promotion de la diversité linguistique à l’IHEID ». Nous souhaitons également proposer des activités au sein et en dehors de l’Institut afin de renforcer l’environnement bilingue français/anglais et de permettre aux étudiants et enseignants qui le désirent d’améliorer leurs connaissances linguistiques, sans toutefois perdre de vue que l’Institut n’est pas une école de langues.