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17 November 2023

L’Europe et la Suisse face à la nouvelle donne géo-économique

Le 10 novembre 2023, le Geneva Graduate Institute a accueilli la neuvième édition du Séminaire sur les relations entre la Suisse et l’Union européenne (UE), un événement organisé en partenariat avec Avenir Suisse et Foraus, deux think tanks suisses de premier plan.

Cette année, le séminaire avait pour thème central les relations de la Suisse avec l’UE dans un monde économiquement intégré mais en proie à des tensions géoéconomiques croissantes.

Trois panels ont abordé ce thème. Le premier a révélé l’ampleur des défis concurrentiels auxquels fait face la Suisse au moment où les États-Unis, la Chine et l’UE déploient d’ambitieuses mesures de politique industrielle et technologique. Pour y répondre, les discussions ont souligné l’importance de préserver l’accès au marché européen, notamment à travers des accords de reconnaissance mutuelle des normes technologiques, et de retrouver une pleine participation aux programmes de recherche européens, condition indispensable pour préserver la capacité d’innovation et plus généralement la prospérité de la Suisse. Les échanges ont souligné que la priorité donnée à ces dossiers par le Conseil fédéral reste en deçà des attentes des milieux concernés.

Le second panel consistait en un débat entre partenaires sociaux sur les questions liées à la mobilité des travailleurs et travailleuses dans un monde économiquement intégré. Dans un premier temps, les échanges ont insisté sur l’importance pour la Suisse du maintien d’un marché du travail ouvert. Si un consensus s’est dégagé sur le principe d’accompagner l’ouverture du marché du travail pour éviter une pression vers le bas des salaires, les mesures à adopter dans le cadre des relations Suisse-UE ont donné lieu à d’importantes divergences de vues. Si, pour le patronat, l’état des discussions préparatoires semble aller dans la bonne direction, le milieu syndical déplore un déficit de transparence et de précision sur la question spécifique des travailleurs et travailleuses détachées, et plus largement sur la libéralisation, même limitée, de services publics dans le domaine des transports et de l’énergie.

Lors du troisième panel, la décision du Conseil fédéral de préparer un mandat de négociation a suscité un optimisme prudent de la part de l’Ambassadeur d’Italie en Suisse et d’une représentante des cantons, qui dans leur ensemble, ont obtenu des garanties suffisantes sur les aides d’État. Subsistent cependant les réticences, renouvelées sur ce panel, du premier parti de Suisse, sensible à toute perte supplémentaire de souveraineté. Les discussions ont aussi mis en lumière l’écart, le gouffre parfois, entre parlementaires fédéraux et exécutifs cantonaux sur les dilemmes pratiques de la mise en œuvre d’accords façonnés pour répondre à des contingences politiciennes. À l’issue de ce dernier panel, le sentiment général qui prévalait au sujet des futures négociations entre la Suisse et l’UE pouvait se résumer ainsi : aussi optimiste que possible, aussi prudent que nécessaire.

8e Séminaire sur les relations entre la Suisse et l’Union européenne - Partie 1
8e Séminaire sur les relations entre la Suisse et l’Union européenne - Partie 2