La création de l’IHEID, issue de la fusion des deux instituts HEI et IUED, remonte à 2008. Les années qui ont suivi ce rapprochement ont naturellement été orientées vers l’intégration des deux instituts et la consolidation d’une position commune dans le paysage académique suisse et international. Si je ne devais citer que quelques succès de cette période, je mentionnerais la concentration sur la qualité académique, l’accueil d’un nombre croissant d’étudiant·e·s et de professeur·e·s, la reconnaissance de l’indépendance de l’Institut et la construction d’un campus particulièrement attrayant. Ce dernier a permis non seulement de regrouper l’Institut sous un toit, de l’asseoir dans le paysage genevois et d’offrir des logements intéressants aux étudiants, mais aussi d’assurer un revenu financier non négligeable, nécessaire à l’équilibre budgétaire.
Le passage de témoin entre Philippe Burrin et la nouvelle directrice, Marie-Laure Salles, s’est bien passé, mais quelques mois plus tard est apparue la pandémie de Covid-19 et son cortège de restrictions sanitaires. S’il fallait nommer un effet secondaire positif du virus, ce serait son impulsion de grand catalyseur de la digitalisation. L’Institut, qui n’avait que deux MOOCs en 2019, a vécu une accélération dans ce domaine : grâce à la prouesse du personnel administratif et technique, le corps enseignant a pu passer rapidement et avec succès à l’enseignement à distance. Dans les années à venir, la digitalisation restera un grand défi, posant les questions de son utilisation à l’interne pour améliorer l’efficience de l’administration ; de l’équilibre à trouver entre enseignement présentiel, hybride et à distance ; de la digitalisation comme thème dans l’enseignement et la recherche ; et de l’influence de l’Institut dans les organisations gérant les politiques mondiales de digitalisation.
Les changements démographiques et géopolitiques qui pointent à l’horizon nécessiteront aussi une adaptation de l’orientation de l’enseignement et de la recherche, qui se fera sur la durée et comportera un renforcement indispensable de l’expertise en questions africaines et asiatiques. L’atteinte d’un juste équilibre entre recherche et pratique (policymaking) afin d’étendre l’influence de l’Institut et de tirer parti de sa position privilégiée au sein de la Genève internationale continuera à alimenter nos débats ces prochaines années.
L’excellence académique reste non négociable. Soutenue et promue par le Collège des professeur·e·s, elle sera toujours notre but à travers la sélection des enseignant·e·s et l’admission des meilleur·e·s étudiant·e·s. Cependant, malgré sa reconnaissance internationale, et au vu du financement public dont il bénéficie, le besoin se fait sentir de montrer aux autorités et à la population locale la pertinence et l’impact de l’Institut. Cela nécessite une plus grande communication, et c’est pourquoi les cinq années à venir jusqu’à notre 100e anniversaire seront l’occasion d’intensifier le dialogue avec nos partenaires (stakeholders) et d’engager, nous l’espérons, un peu plus étroitement nos alumni·ae dans les développements de l’Institut.
Le rôle du Conseil de fondation est la fixation de la stratégie et la supervision de son exécution pour assurer la pérennité de l’Institut. Nous nous réjouissons d’accompagner Marie-Laure Salles dans le positionnement de l’Institut pour l’avenir et de soutenir les multiples et intéressantes initiatives qu’elle lance et lancera dans ce dessein. L’Institut n’a jamais eu de directrice ni de présidente. Dans un monde parfait, cela ne prêterait pas à discussion, étant une situation possible et non exceptionnelle. Par souci d’égalité des genres, il me semble qu’il faudra juger sur les résultats.
Cet article a été publié dans Globe #29, la Revue de l'Institut.