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Ivan Pictet
15 April 2019

Un banquier au service de la Genève internationale

Donnant sans compter de son temps et de son argent à la cause de la Genève internationale, Ivan Pictet en est devenu, au fil des années, une figure centrale. 

Ivan Pictet
Ancien associé senior de la banque Pictet
 

Ancien associé senior de la Banque Pictet, Ivan Pictet préside la Fondation pour Genève, dont la mission est de contribuer au rayonnement de Genève comme centre de coopération multilatérale. La fondation déploie une activité considérable pour renforcer la Genève internationale, notamment en faisant valoir son importance auprès des Genevois et des Suisses (en régime de démocratie semi-directe, l’opinion des citoyens compte), en facilitant l’accueil des expatriés et leur rapprochement avec les résidents, et en favorisant le rassemblement des acteurs internationaux au sein du Club diplomatique et du Cercle International.

Donnant sans compter de son temps et de son argent à la cause de la Genève internationale, Ivan Pictet en est devenu au fil des années une figure centrale. Comment expliquer cet engagement remarquable ? Du regard rétrospectif qu’il jette sur sa trajectoire, trois éléments se dégagent : 

  • Une enfance cosmopolite qui le marque davantage qu’une histoire familiale étroitement liée à la vie de la cité (aucune famille n’a donné autant de magistrats). Le jeune Ivan, lui, passe une partie de son enfance à Londres avec sa mère remariée à un Britannique, revient à Genève où son père a épousé une Suédoise, puis part un an à Stockholm après le collège Calvin avant d’étudier à l’Université de Saint-Gall – un parcours qui lui a fait voir sa ville de l’extérieur et lui a appris à l’apprécier pour ce qu’elle est : une petite ville grandie par son rôle international ;
  • Une expérience de banquier où l’international, justement, a tenu une grande place. Alors que la plupart des banquiers privés se concentrent sur les pays voisins, Ivan Pictet part dès les années 1980 « ouvrir » les marchés émergents, ceux d’Asie en premier lieu, comme Hong Kong, Singapour, et surtout le Japon où il se rend plus de 150 fois – une orientation qui joue un rôle certain dans l’expansion et le succès de sa banque ;
  • Enfin, un engagement au niveau local et national dans la défense des intérêts économiques, notamment à la Chambre de commerce de Genève et à Genève place financière, deux organisations qu’il présidera pendant des années, et qui lui font voir l’importance économique de la Genève internationale et comprendre combien le sort de la ville dépend du riche tissu d’acteurs internationaux présents sur la côte lémanique.

À partir de la fin des années 1990, ce « déraciné genevois », selon ses termes, s’engage dans la défense et l’illustration de la Genève internationale au sein de la Fondation pour Genève. Appelé au conseil d’administration du fonds de pension de l’ONU, dont il sera le premier président non américain, il assume bénévolement une charge qui lui vaut une réunion par mois à New York et une conférence téléphonique par semaine. Elle lui fait rencontrer Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, pour lequel il développera un attachement profond. À Genève, il côtoie les acteurs de premier plan du système onusien, dont certains l’impressionnent particulièrement, ainsi Sadako Ogata, ancienne haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Francis Gurry, directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, et Michael Møller, directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève. 

En 2008, Ivan Pictet affecte une partie de sa fortune à l’activité philanthropique. Intéressé par le développement de l’Institut, il donne à la fondation qu’il crée alors – la Fondation Pictet pour le développement – une double mission dont les deux composantes ont partie liée avec sa passion pour la Genève internationale. La première consiste à soutenir la création par l’Institut du Centre finance et développement et à financer ses trois chaires. La seconde est de permettre la construction d’un Portail des nations, un espace d’exposition qui présente la Genève internationale dans son ensemble et fait voir le rôle indispensable qu’elle joue dans la gouvernance mondiale. La réalisation de ce projet, qui se profile aujourd’hui sur un emplacement voisin de l’allée aux drapeaux du Palais des Nations, promet d’être le couronnement de son engagement au service de la Genève internationale.

Comment voit-il l’avenir ? Genève lui paraît conserver tous ses atouts : le cosmopolitisme, la taille critique des compétences, le cadre agréable et sûr. Les difficultés demeurent, cependant – la cherté de la vie, l’engorgement du territoire, l’endettement des finances publiques – alors que d’autres montent à l’horizon : l’autoritarisme et le protectionnisme, avec leurs pesanteurs et leur fonctionnement en silo, sont des défis que les institutions internationales doivent se préparer à relever. Mais Ivan Pictet a trop d’expérience et de hauteur de vue pour ne pas garder confiance : la planète aura besoin d’un effort continu de concertation, et la Genève internationale garde toute son importance.

Philippe Burrin, directeur

Cet article a été publié dans Globe 23, la revue de l’Institut.