2022 a été une année marquée par un retour à une vie de campus entièrement en présentiel, essence même d’une institution académique comme la nôtre. Professeur·e·s, chercheur·e·s, étudiant·e·s et collaborateurs et collaboratrices administratives et techniques ont réinvesti les espaces, et nous avons progressivement retrouvé le goût des débats dans les salles de cours ou les amphithéâtres, des réunions d’équipes souvent beaucoup plus efficaces en présence, et des rencontres spontanées dans les couloirs, à la cafétéria ou dans notre nouvel espace de convivialité. 

La Fabrique de la paix – ou la Fab, comme nous l’appelons au quotidien – est non seulement un lieu convivial, c’est aussi l’affirmation au cœur de notre Institut d’une démarche d’innovation qui transforme nos programmes comme nos centres de recherche. Être pionnier est un héritage de notre histoire. Être pionnier aujourd’hui implique de travailler activement aux solutions nouvelles qu’exigent la transformation profonde et les défis urgents de notre monde. La Fabrique de la paix abrite notre laboratoire de politiques publiques et d’innovations internationales ; chaque année, nos étudiant·e·s, supervisé·e·s par nos chercheurs, travaillent sur près de 80 projets exploratoires qui sont soumis par nos organisations partenaires de la Genève internationale, mais aussi par des actrices et acteurs du secteur privé, non gouvernemental ou artistique. 

La Fabrique de la paix abrite aussi notre nouveau Tech Hub et ses multiples projets. La technologie est l’une des dynamiques de la transformation de notre monde. Elle est à la fois porteuse de solutions potentielles mais aussi de dangers existentiels allant jusqu’à la remise en question de notre humanité. L’Institut se doit de porter sa voix sur ces questions, et c’est pourquoi nous avons lancé le Tech Hub en octobre 2022. Nos chercheur·e·s, doctorant·e·s et étudiant·e·s travaillent de plus en plus sur ces sujets, qui viennent aussi irriguer nos enseignements. Le Tech Hub a été l’un des premiers partenaires du GESDA (Geneva Science and Diplomacy Anticipator) à Genève. Avec l’EPFL et la Geneva Peacebuilding Platform, nous avons créé en 2022 la Swiss Peace Tech Alliance afin de combiner nos compétences complémentaires pour une technologie au service de la paix.

Comme toutes les institutions académiques, nous avons été confrontés à l’automne 2022 au raz-de-marée de ChatGPT. Nous avons pris la décision non pas d’interdire l’utilisation de ChatGPT, mais de la réguler et d’y associer une réflexion collective à la fois pédagogique et éthique. 

Cette année a également été marquée par la concrétisation de réformes importantes. Ainsi, nous avons accueilli la première volée de notre nouveau master interdisciplinaire, le master en études internationales et du développement. Ce programme propose une combinaison novatrice de pensée systémique et de spécialisation thématique. Il définit des objectifs d’apprentissage cohérents et adaptés aux défis qui attendent les futur·e·s professionnel·le·s que sont nos étudiant·e·s, et ce quel que soit le secteur d’activité – organisations internationales, secteur public national, secteur privé, organisations non gouvernementales, secteur académique ou entrepreneuriat. Nous avons également accueilli pour la première fois les étudiant·e·s d’un programme de doctorat profondément revisité et visant à améliorer l’expérience de nos doctorant·e·s à chaque étape de leur cursus. 

Du côté de la formation continue, nous avons engagé une transformation stratégique de taille  destinée à aligner plus étroitement notre offre sur nos compétences propres et singulières. La première étape, importante et symbolique, a été le lancement d’un MAS (master of advanced studies) en relations internationales. En combinant habilement des contributions académiques et des témoignages de praticien·ne·s, d’acteurs et d’actrices des affaires internationales, ce programme donne aux participant·e·s une vision systémique des dynamiques qui bouleversent aujourd’hui le monde des relations internationales. 

Ce rapport annuel présente également pour la première fois le rôle de l’Institut au sein des plateformes de coopération déployée depuis plusieurs années par la Suisse dans le cadre de sa politique d’État hôte. L’Institut est en effet impliqué dans huit de ces dix-sept plateformes multipartites qui rassemblent des représentant·e·s des secteurs public et privé, de la société civile et du monde académique en vue de faciliter la réflexion et l’action commune dans des domaines thématiques clés comme le commerce, la finance, l’environnement, la santé, l’éducation et la construction de la paix. 

À travers ses différentes activités, l’Institut mobilise l’excellence scientifique, la transdisciplinarité mais aussi un regard systémique et trans-thématique pour favoriser la pensée critique, l’énergie constructive et l’esprit d’innovation qu’exigent les grands défis de notre temps. Outre la formation de nouvelles générations de décideurs et décideuses engagées et responsables dans un monde radicalement incertain, l’Institut contribue activement aux discussions prospectives autour des grands enjeux de ce monde et du futur du multilatéralisme à travers l’organisation de conférences, de débats et d’autres initiatives ayant pour objectif de renforcer les échanges et les synergies entre la Genève internationale, les organisations non gouvernementales, les autorités publiques, le secteur privé et le monde académique. Notre corps étudiant, riche de sa diversité et d’un futur qui lui appartient, est un acteur de plus en plus mobilisé pour ces échanges et ces activités de forum. 

MARIE-LAURE SALLES